[FINI]Le coup de Foudre est rare, alors quand la foudre est tombée il ne faut pas rater sa chance...[Pv Tache de Jais]

 Encore une journée chaude et nuageuse. Le temps n'avait pas bougé depuis ce matin, et l'air était lourd. Ne supportant pas cette atmosphère trop étouffante, j'étais parti en direction du lac. J'avais chassé un peu en chemin. Je ne m'inquiétais pas de ce qui pourrait se passer au camp, Etoile de l'Aigle y était encore et nos guerriers savaient se défendre. Et puis, depuis que j'étais devenu lieutenant, je n'avais pas une seconde pour souffler. Je comptais profiter pleinement de cette promenade pour me reposer.
 J'arrivais enfin au lac, heureux de pouvoir enfin me rafraîchir. Je m'avançais dans l'eau jusqu'au ventre et lapais longuement la surface claire sur laquelle se reflétaient les nuages. Quel soulagement!
Après m'être désaltéré, je marchais un petit moment le long du lac, réfléchissant à tout et rien. J'avais bien fait de m'éclipser. Tas le bol des chattes qui me tournaient autour. C'est vrai, quoi! Je sais que je suis un chat plein de charisme, mais ce n'est pas une raison pour me tourner autour comme une nuée de mouches. Elles sont franchement épuisantes. Je n'arrivais pas à croire que certaines femelles se comportaient comme des chatons. Rien que l'idée de m'approcher les rends complètement folles! Je soupirais. Ma compagne, si j'en ai une un jour, ne sera jamais comme ça, à pâlir rien qu'en me voyant. Du moins, je l'espérais.
Sans m'en rendre compte, j'étais parvenu à la lisière du petit bois qui longeait le lac. Au bord de celui-ci, il y avait un chat. Le vent m'apportais l'odeur du Clan des Gryffondor. Je reniflais. Un ennemi.
 Malgré tout, je fis un pas dans sa direction. Et là, un seul regard me suffit. Son long pelage crème, ses beaux yeux bleus, son regard... C'était donc ça, le sentiment qui habitait le cœur de toutes les chattes qui me courraient après? Étais-ce... L'amour?
 Je n'en savais rien, mais le fait que la chatte se détourne fit naître une moue sur mon visage. Ne me trouvait-elle pas attirant...?
 C'est bien ma veine. La seule chatte dont je tomberais jamais amoureux ne m'aime pas. Triste sort...
 Je me passais un rapide coup de langue sur le poitrail et je me dirigeais vers la jeune chatte. Elle était vraiment très jeune, son baptême de guerrière ne devait remonter qu'à quelques lunes. Me trouverait-elle trop vieux?
 Prenant mon courage à deux mains, je m'assis près d'elle et regardais avec douceur son reflet dans l'eau du lac. Ses magnifiques yeux bleus semblaient fait d'un bout de ciel d'été. Et son pelage, on aurait dit qu'elle avait pris la couleur du ciel qui oscille entre l'aurore et le jour... Sublime. C'était le seul mot qui me venait à l'esprit. Je me penchais vers elle.
"Excuse-moi, dis-je d'une voix tendre, qui témoignait tout l'affection que j'avais éprouvé pour elle dès le premier regard. Quel est ton nom? Moi, je m'appelle Tache de Jais, Lieutenant des Serdaigles."

Elle ferma doucement les yeux et me répondit d'une voix magnifique :
 "Ravie de te rencontrée Tache de Jais. Je m'appelle Brise Sucrée et je suis Lieutenante des Griffondors. Que me vaut cette merveilleuse rencontre?
 Elle me détaillais, mais cela ne me gênait pas. De la tendresse perçait dans sa voix délicate. Je ne m'étais pas trompé. Elle m'aimait.
 Son nom était magnifique. Mais la suite me déçus quelque peu. Lieutenante des Griffondors? Aïe. Elle avait un poste aussi important que moi, et il a fallu que nous tombions amoureux l'un de l'autre... Je soupirais. Tant pis, je l'aimais. Et je continuerais à l'aimer, quoi qu'il arrive.
 Enchanté, Brise Sucrée. Après un long soupir, je déclarais : Tu sais, tu es magnifique. Et je pense que nous devons cette rencontre au destin.
 Je me sentis rougir. Je passais un coup de langue sur mon poitrail, gêné. Mon cœur battait la chamade, et l'odeur de Brise Sucrée me donnait envie de frotter mon museau contre le sien. Un ronronnement s'échappa malgré moi de ma gorge. Elle était si belle... Et elle semblait si innocente... Une idée m’effleura l'esprit. Et si elle se jouait de moi? Si elle me mentait?
 Un coup d’œil à son expression me fit abandonner cette idée. Elle était sincère, et le seul sentiment qu'on lisait dans ses yeux était aussi doux que la fourrure d'un nouveau-né.

Merci, sais-tu que toi aussi tu es beau ? Si cette rencontre est due au destin alors celui-ci est formidable. dit Brise Sucrée avec une voix qui faisait chavirer mon cœur.
Elle se mit à ronronner elle aussi, et me regarda dans les yeux. L'émotion que j'y lut me submergea. J'y vis tant de tendresse...
 J'aurais aimé que nous soyons du même Clan. J'aurais aimé que nous soyons de simple guerriers, sans aucune responsabilité, sans aucun poids pesant sur nos épaules, si ce n'est celui de l'amour.
 Pour la première fois de ma vie, je ressentis le besoin intense de faire de Brise Sucrée ma compagne. Mais je n'osais lui demander. Même si les frontières claniques s'étaient effacées de mon cœur, elles étaient encore bien présentes dans mon esprit. Et je ne pouvais pas faire d'une chatte ennemie ma compagne, aussi belle soit-elle. D'ailleurs, je ne voulais pas de compagne. Pas tout de suite. Pas après ce que j'avais essuyé lorsque je n'étais qu'un jeune guerrier...

En tout cas, je me sens à l'aise avec toi, j'espère que toi aussi. Et si on se baignait? Il faut vraiment chaud et une petite baignade ne nous ferait pas de mal ?
 J'écarquillais les yeux, et je sentis mon échine se hérisser. Je plantais mes griffes dans le sol. Après avoir avalé difficilement ma salive, je murmurais d'une voix rauque, en ignorant le début de sa phrase :
Tu veux aller... Là-dedans ?
 Le bout de ma queue désignait l'eau. Il était absolument hors de question que j'y aille. Tremper le bout des pattes, soit. Mais m'immerger dedans pour le plaisir, jamais.
Je me forçais à remettre mes poils en place. Elle n'avait pas fait exprès, elle ne pouvait pas savoir. Je rentrais soigneusement mes griffes, et j'essayais de ralentir mon rythme cardiaque. Dans mon Clan, tout le monde savait que l'eau était un sujet très délicat. Mais elle, elle ne pouvait le savoir...
Les souvenirs douloureux de mon enfance et de mon apprentissage me revenaient en mémoire. La baignade improvisée avec ma sœur, Petite Flèche. La maladie grave qu'elle avait attrapé, suite à ça. Sa mort.
Nuage de Lune, qui voulait elle aussi se baigner, dans ce lac. Tout me revint en mémoire brusquement. Notre insouciance, l'amour que j'éprouvais pour elle, plus profond que tout. Les vagues hautes, lors de la tempête. Sa noyade. La douleur que j'avais éprouvé en ramenant son corps sans vie au camp.
Soudain, tout disparut, et le présent réapparut devant moi. Brise Sucrée, qui n'avait pas bougé. Le lac, toujours aussi calme. Le vent, si frais...
Je levais le regard vers Brise Sucrée, et je lui dit, une boule dans la gorge :
Désolé, je... Pardon.
Je fis volte-face et je m'enfonçais dans les fourrés.